jevaisvousaider

Que vois-tu, toi qui me soignes, que vois-tu ?

Quand tu me regardes, que penses-tu ?

Une vieille dame grincheuse, un peu folle,

Le regard perdu, n'y étant plus tout à fait,

Ayant perdu ses forces et se sentant molle,

Qui bave quand elle mange, voire ne répond jamais ?

C'est çà que tu penses ? c'est çà que tu vois ?

Mais non, ce n'est pas moi.

Alors, ouvre les yeux,

Je vais te dire Qui Je Suis, assise là, tranquille entre les deux,

Me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu le veux,

Toi qui me fais belle et m'habilles pour le mieux.

Je suis l'avant-dernière des six, avec un père et une mère,

Des frères, des soeurs qui me sont chers.

Une jeune fille de 16 ans, des ailes aux pieds,

Rêvant de rencontrer bientôt son fiancé.

Mariée, déjà vingt-et-un ans, mon coeur bondit de joie,

Au souvenir des voeux, çà me remplit d'émois.

J'ai vingt-deux ans maintenant et un enfant à moi,

Ayant besoin de moi, pour se construire et forger son Soi.

Me voici à trente ans et déjà une marmaille,

Nous sommes liés l'un à l'autre par des liens sans faille.

Quarante-trois ans, huit enfants, voici ma tribu,

Mon Homme à mes côtés veillant que chacun ait son dû.

Cinquante ans, à nouveau entourée de bébés,

Nous revoilà avec enfants, beaux-enfants,

Et nos petits-enfants,

Moi et Mon Bien Aimé,

Soixante ans, bientôt Il ne sera plus là,

Soixante cinq ans, pour moi sonne le glas.

Voici les jours noirs, mon mari meurt,

Je regarde vers le futur en frémissant de peur,

Car mes enfants sont très occupés à élever les leurs,

Et je pense aux années, à Mon Bel Amour et je pleure.

Mais cependant, mon dernier petit reste à mes côtés,

Et m'aide assurément à Accepter.

A près de quatre-vingt cinq ans, je suis vieille mais heureuse,

Dieu, que la nature est cruelle,

Qui s'amuse à faire passe la vieille pour gâteuse,

Mon corps s'en va, mais je veux rester "Belle".

Grâce et force m'abandonnent,

Mais j'ai un coeur qui Aime et qui Donne.

Dorénavant, toi qui me regarderas, me soigneras, m'écouteras,

Je te demanderai juste d'ouvrir les yeux,

Ce que tu vois, n'est pas la vieille femme à l'air grincheux,

NON ! ! ! Regarde mieux, écoute et tu sauras !

Aujourd'hui, dans "notre maison", je n'habite pas,

Mais, dans ma famille d'accueil, je me sens entourée,

Je suis un peu courbée, petite forme effacée,

Je glisse comme une ombre et trotte à petits pas.

Et, lorsque gentiment quelqu'un s'adresse à moi,

Qu'il sait m'écouter et me sourire,

Eviter de me mettre dans tous mes émois,

Alors, mon regard s'éclaire et je peux m'éblouir.

Toute émue et ravie de recevoir tant d'égards,

Par ces Instants Merveilleux de tendresse, d'affection et d'amour,

Je serre un tel CADEAU contre mon coeur quand il part,

Puis retourne rêver "chez moi" dans mon Paradis d'Amour.

Mais, dans cette vieille carcasse, la jeune fille demeure,

Le vieux coeur se gonfle sans relâche, mais point ne meurt,

Je me souviens des joies, je me souviens des peines,

Je revis ma vie que j'aime tout en tenant les rênes.

Je repense aux années trop courtes et trop vite passées,

Et accepte cette réalité implacable qui ne peut perdurer.

Les jours passent vite à présent,

Mais, chaque jour, le coeur battant,

Je pense à de Nouveaux Instants,

Quand je retrouve un être aimant.

Je m'AniME, je souris, mes yeux brillent !

Enfin parler ! échanger ! exister !

Laisser parler mon coeur qui scintille...

Ne plus être seule, avoir un ami, un être à aimer.

Partager avec lui des mots anodins,

Deviner ses yeux doucement se poser sur moi,

Remplir mon coeur d'un nectar divin,

Et raconter mes sempiternels refrains en surcroît.

Je ne suis plus cette vieille dame bon an, mal an,

Je rêve ! J'ai un coeur ! J'ai vingt ans...

IL me sourit et me touche la main...

C'est sûr, je LE reverrai demain...

Une vieille Dame Jeune dans son Coeur,