jevaisvousaider

jevaisvousaider

Mère du latin mater

La Mère (du latin mater)

La vie, l'amour, la tendresse

 

Dieu, voyant qu'il ne pouvait suffire à la tâche, décida de créer la mère.

(proverbe espagnol)

 

La mère est le personnage le plus important dans l'histoire personnelle comme dans l'histoire de l'humanité.

L'apparition de la mère, est d'une grande importance pour l'humanité, aussi bien comme événement personnel que comme symbole archaïque et universel. Le fait de vivre sous l'influence de notre mère, empreint l'aube de notre existence d'une façon considérable et constante. Elle emplit notre enfance. Nous lui appartenons plus qu'à aucune autre femme ; sa silhouette nous accompagne au travers de notre plus ou moins longue existence.

E. Aeppli, Les Rêves et leur Interprétation, Payot page 146

 

Dans toutes les traditions, la Mère universelle est assimilée à la terre. Les religions polythéistes mettent ainsi à la tête de leur panthéon, un couple divin, constitué du dieu père (le ciel) et de la déesse mère (la terre).

Le dieu père a une fonction d'autorité et de protection.

La seconde a une fonction de génitrice et de nourricière.

 

La Mère est également présente dans le christianisme, avec l'image de Marie. Il s'agit d'ailleurs d'une mère « sublimée », puisque, demeurée vierge, elle est seule génitrice de Jésus. Les nombreuses représentations de la Vierge à l'Enfant, montrant Marie allaitant Jésus ou le tenant tendrement dans ses bras, sont autant d'apologies de l'amour maternel. Elles sont une expression de l'importance de la relation mère-enfant, dont la nature indéfectible est inscrite en chaque individu. Elles montrent en outre le rapport charnel sur lequel s'établit l'échange entre la mère et l'enfant.

 

La relation au père s'établit sur un autre mode, notamment la parole. Le dieu unique des cultes monothéistes ou le dieu suprême des traditions polythéistes est chargé, comme le père réel, de poser la loi.

 

La Mère suprême, comme la mère réelle, porte l'enfant dans sa chair (d'où son identification avec la terre) et est chargée d'instituer le lien affectif. La communication passe par le corps ; c'est pourquoi nombreuses sont les représentations sacrées qui montrent les déesses mères allaitant, berçant, veillant sur l'enfant dieu, le prophète ou l'homme.

 

Les archétypes maternels, sont, pour Carl JUNG :

La mère, la grand'mère, la nourrice

La mère de Jésus, Marie

La ville, l'église, l'école, la patrie

La terre, l'eau

Les objets creux, les contenants (vase, coupe, trou, urne, grotte, four, etc.)

 

Le judaïsme atteste de l'importance de la mère, puisque est (automatiquement) juive, toute personne dont la mère est juive. La transmission se fait ainsi par la mère et non par le père.
FRAZER cite une pratique magique qui manifeste là encore le rôle fondamental donné à la mère, à travers son nom. Un traité arabe sur la magie ordonne, si l'on veut priver un homme de l'usage de ses membres, de confectionner une image de sa personne en cire, degraver dessus son nom et le nom de sa mère avec un couteau dont le manche sera fait de la même cire ; puis de frapper le membre de la figurine que vous voulez mutiler chez l'homme ; à l'instant précis, le membre de chair et d'os sera saisi de paralysie.

J.G. Frazer, Le Rameau d'Or, Robert Laffont page 125

 

Il existe une autre relation entre la mère et l'eau, et de façon plus générale, entre la femme et l'eau.

Sans jouer sur l'homophonie, qui est due au hasard d'une langue, la mère est ainsi également associée à la mer. L'association symbolique évoque la douceur, la fluidité et l'immensité de l'amour maternel.

 

Les mythes, les légendes et les comtes de fées, opposent souvent la « bonne » et la « mauvaise » mère. Cette dernière est fréquemment représentée par la marâtre, mère substitutive et non aimante. Elle apparaît dans une situation de rivalité avec l'héroïne. La thématique de Blanche-Neige, évoquant la jalousie, l'hostilité, et même la haine que la reine éprouve pour sa belle-fille, en constitue un fameux exemple. Le fait que ce soit, dans l'imaginaire des mythes ou des histoires, non la mère qui soit « mauvaise », mais la belle-mère ou toute figure maternelle substitutive, n'est pas neutre. C'est l'indication du tabou de la mauvaise mère.

Dans l'inconscient collectif,

la mère génitrice a le devoir d'être bonne et l'attitude contraire n'est pas admise. Alors que le père (géniteur) peut être lâche ou méchant, la mère n'est jamais placée dans ce rôle. Si elle ne remplit pas son rôle, c'est qu'elle est morte. Les héros orphelins de mère sont nombreux dans les mythes et les comtes de fées, allégorie de la difficulté suprême, parmi toutes celles qui jalonnent leur existence ; s'ils en triomphent, ces héros prouvent indéniablement leur mérite.

 

La marâtre, allégorie de la « mauvaise » mère, matérialise aussi les pulsions incestueuses. Correspondant à la vision clivée de l'enfant, elle est pourvue de tous les défauts, et sa beauté, si elle existe, est froide, glaciale et sans âme. Ainsi, Phèdre, éprouvant un désir incestueux pour son beau-fils Hippolyte, n'hésite pas à le perdre quand elle voit ses avances repoussées.

& Dans la tradition grecque, la légende de Lamia illustre l'amour maternel, dont la puissance est telle, qu'il peut devenir monstrueux. Lamia figure au nombre des conquêtes de Zeus. Héra, l'épouse du dieu, pourchasse impitoyablement les amantes de Zeus, sans prendre en considération le fait qu'elles soient consentantes ou, comme c'est plus fréquemment le cas, abusées. Elle châtie sans états d'âme ses rivales et se montre souvent d'une grande cruauté dans sa vengeance. C'est ainsi qu'apprenant la relation entre Zeus et Lamia, Héra fait périr tous les enfants que la jeune femme a eu avec le dieu. Lamia était à ce point bouleversée par la mort de ses enfants qu'elle se transforme en un monstre hideux qui vient prendre et dévorer les nourrissons ou les jeunes enfants des autres femmes. Ayant subi la perte intolérable de ses propres enfants, ne pourrant supporter ce terrible vide, Lamia est en proie à des pulsions incontrôlables qui la poussent à s'approprier de force de dont Héra l'a dépossédée. Elle illustre le funeste destin de la mère, privée de ses enfants, c'est-à-dire de son âme.

Pour les incliner à obéir, les femmes grecques et romaines menaçaient leurs enfants d'être emportés par Lamia.

 

Au plan psychologique, la mère figure le personnage central avec lequel le sujet partage un lien indissoluble, à un niveau conscient ou inconscient. Winnicott parle à ce sujet de la mère « suffisamment bonne ». Naturellement, la propre mère de l'enfant est plus apte que personne à se montrer suffisamment bonne, puisque cette adaptation active exige que l'on s'occupe de l'enfant sans contrainte et sans éprouver de ressentiment. La mère « suffisamment bonne » peut être plus forte que le mal, ce qui a une importance dans le vécu de la toute petite enfance, mais également dans la structuration psychique ultérieure.

Pour Aeppli, plus la mère apparaît dans les rêves, plus l'absence d'autonomie est grande. La récurrence de l'image maternelle dans les scénarios oniriques révèle la problématique affective de la dépendance ou au contraire celle de la seconde naissance…

 

Corinne Morel "Symboles Mythes et Croyances, l'A



19/07/2009

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 34 autres membres